Folila - Amadou et mariam
Quatre ans après l'excellent Welcome To Mali, les toujours surprenants Amadou et Mariam reviennent avec Folila et toute une troupe de guests, pour la plupart pas des moindres, voire des plus prestigieux. Verdict ?
Amadou et Mariam sont sans doute les artistes qui aujourd'hui représentent le mieux la musique africaine, en terme d'aura et de représentativité extra-continentale s'entend. Dans le passé, ils ont d'ailleurs toujours su s'attirer les faveurs de collaborateurs dans le vent et au sommet de leur art. Ce fut le cas sur Dimanche A Bamako avec Manu Chao et sur Welcome To Mali avec Monsieur Damon Albarn himself. Aujourd'hui, leur renommée est internationale et ils portent haut et fort les couleurs du continent noir, avec une fierté tout sauf contenue. Il s'agissait pour eux, donc, avec ce nouvel album, de passer au niveau supérieur.
Le pari était risqué mais est plutôt réussi. Car il fallait avoir le courage de ses choix. Non seulement les deux amoureux l'ont eu, mais ils ont en plus porté ces derniers sans doute aucun. En effet, offrir par exemple quatre apparitions à un Bertrand Cantat de retour de l'enfer, c'était plutôt culotté : résultat, personne n'y trouve rien à redire. L'artiste bordelais lui-même y amorce sa renaissance, et ce, quoi que l'on pense du personnage. Il faut en effet reconnaître qu'il était, et qu'il est encore un grand artiste, un de ceux qui ont marqué plusieurs générations dont la mienne. Point final. Le reste est à développer dans un autre registre et donc, point ici, dans une chronique musicale. Fermons la parenthèse.
Amadou et Mariam, en général, on adore ou on déteste. Je dois avouer que je fais partie de la première catégorie. Et Folila me conforte dans cette idée même si objectivement, ce disque est un tout petit peu moins bon que le précédent (mais pas de beaucoup !). Avant tout, il est différent : plus rock, plus occidental, il regarde vers l'hexagone, Londres et le Mississipi, et est en conséquence un poil moins africain et donc, plus occidental. Il a d'ailleurs été enregistré en partie à Paris et à New-York (et bien sûr au Mali). On le sent bien. Et puis il y les guests, pour la plupart énormes ! Pensez-donc, Santigold, TV On The Radio, Cantat donc, Ebony Bones, Amp Filder, un membre des Scissors Sisters, Abdallah Oumbadougou et enfin Theophilus London (seulement deux morceaux "seuls"). Ouf ! Du très beau monde quoi...
Bien sûr, le risque, avec tant d'invités, c'est de perdre son essence et d'offrir finalement un patchwork de pistes désincarnées et incohérentes. Et bien figurez-vous que ce n'est pas du tout le cas ici, chacun garde son identité et on a bien à faire à un album des deux Maliens, un bien bel album d'ailleurs, aux sonorités diverses qui réchauffent l'âme et le coeur, dans un tourbillon tribal d'influences ancestrales et modernes, métissées, comme si nous évoulions dans un monde idéal réconcilié. Le monde tel qu'il devrait être !
Au final, Amadou et Mariam s'aiment toujours autant et ça, c'est tant mieux. Longue vie à vous ! Offrez-nous encore de tels albums, continuez à promouvoir et à démocratiser la musique magique de ce continent originel et malheureusement de plus en plus oublié, de plus en plus délaissé, mais toujours aussi créatif et aussi beau.
Bigarré !
Note : 3.5/5
Wily Kataso (Feat. Tunde & Kip de TV On The Radio)
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