Noctourniquet - The Mars Volta
Pas plus tard que lors de ma dernière chronique, je m'insurgeais contre la mode du revival et le manque d'inspiration, de créativité de la plupart des artistes contemporains qui se contentaient de remettre au goût du jour de vieilles recettes largement éculées et redondantes. Et bien force est de constater que ce n'est pas du tout le cas avec ces brigands de The Mars Volta. C'est même tout l'inverse qui se produit.
A vrai dire, je m'étais arrêté à Frances The Mute, sorti en 2005 et exemple impressionnant de rock progressiste, alambiqué et courageux de par sa prise de risque et son déni du confort, justement, dans lequel se complaisent tant de bands, et qui consiste à refaire les mêmes trucs qu'il y a vingt ou trente, voire quarante ans. Voilà donc une belle bande de défricheurs que ces texans un peu allumés, il est vrai, à l'image de leur musique de barjots.
Noctourniquet, leur dernière production en date, donc, vient enfoncer le clou de ce grand bazar expérimental, de cette immense marmite dans laquelle sont balancées pêle-mêle tout un tas d'influences a priori incompatibles, voir contradictoires : Punk, rock, métal d'un côté, pop, jazz de l'autre. Le résultat est assez saisissant, bien que vraiment déstabilisant lors des toutes premières écoutes, tout en étant quand même plus accessible qu'auparavant (il suffit de voir la durée des morceaux, presque "normale" maintenant...). Une fois la bête apprivoisée, ce qui demande un effort certain, il faut bien avouer que le résultat est à la hauteur des espérances. Oh, tout n'est pas parfait, loin de là, mais je dois admettre que ça a quand même une sacrée gueule. Ceux qui sont friands de rythmiques élaborées, d'enchaînements complexes, de structures improbables repoussant les lois de la gravité seront comblés. Ce qui me rend d'autant plus admiratif, c'est que même les légèretés pop ont leur place au milieu de tout ce fatras de complexité et d'expérimentations. C'est d'ailleurs ce qui rend noctourniquet terriblement jouissif et au final assez improbable, car c'est tout sauf du n'importe quoi (ce qui n'était pas toujours le cas avant...).
Pas de doute, les Mars Volta ont une classe terrible, et ce même si leur musique ne conviendra pas à toutes les oreilles non initiées, surtout celles qui ont l'habitude des "produits" formatés servis sur le plateau du conformisme et de la facilité.
Si vous aimez le rock pêchu et construit, la pop alambiqué, les trucs un peu glauques, que vous avez envie de prendre le risque d'écouter quelque chose d'original qui ne s'apprivoise pas facilement, si vous en avez marre des productions lisses et faciles dont on nous gave à longueur de journée, que pour vous la musique c'est autre chose qu'un business comme les autres, si vous pensez que l'art n'est pas un produit de consommation, mais bien l'essence de l'âme humaine, alors venez prêter une oreille à Noctourniquet. Ce n'est certainement pas l'album du siècle, peut-être même pas celui de l'année, il se peut même que cela ne vous inspire rien, voir que vous détestiez, mais au moins, vous aurez essayé. Alors pour une fois, prenez le risque, ne serait-ce que pour mettre un méchant coup de pied dans la termitière de l'establishement... Il se peut même que vous preniez, tout comme moi, un pied fantastique !
Note : 4/5
The Malking Jewel
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