Rentrée des classes - Reconversion (2.1)
Ça y est, c'est la rentrée. La rentrée des classes. La première à laquelle je ne participerai pas en tant qu'enseignant depuis plus de dix ans. Un sacré changement, mais sans le moindre pincement au cœur. Plutôt un soulagement, l'absence de ce poids caractéristique qui s'installe juste avant ce moment particulier et la satisfaction d'être déjà en route sur une autre voie, sur un embranchement différent.
Car même si je n'ai pas encore vraiment réussi ma reconversion, elle est en cours. La rentrée, comme la prérentrée des profs a eu lieu pour moi hier, le 3 septembre... Pour ceux qui n'ont pas suivi et qui sont intéressés, je vous invite à lire les articles reconversion publiées sur ce blog lors de la "saison" précédente. Pour les autres, si vous avez la flemme ou tout simplement pas envie, et sans rentrer dans les détails, après avoir été professeur des écoles pendant toutes ces années, j'ai été admis en deuxième année de master professionnel information communication e-rédactionnel, ce qui correspond grosso modo à une partie de mes désirs de changement et d'avenir. Je repasse de l'autre côté de la barrière.
C'est donc le grand jour pour des centaines de milliers d'élèves qui vont prendre pour la première fois, ou reprendre le chemin de l'école, quelle qu'elle soit. Un moment au combien important. Idem pour leurs chers professeurs, qui eux ont déjà rattaqué hier avec la traditionnelle journée de prérentrée dont je parlais un peu plus haut, qui se partage entre réunions de mise au point et derniers réglages avant le débarquement des hordes de gamins. Je sais que pour beaucoup, enfin ce l'était pour moi, c'est à la fois un moment assez excitant et particulièrement redouté. le début d'une nouvelle aventure. L'excitation, malheureusement, laissera vite place à la désillusion répétée et perpétuelle devant la routine qui s'installe, les exigences et les tracas du métier, la perspective d'une carrière longue, fastidieuse et éreintante. Beaucoup se demanderont alors si une des (rares) portes de sortie accessibles pourrait leur convenir. La première période, jusqu'aux vacances de la Toussaint est effectivement propice à cette réflexion douloureuse, sur soi, son avenir, l'occasion de se dire que l'on n'est pas fait pour "ça" et que les longues années de contraintes qui nous attendent encore risquent d'être assez interminables. Triste(s) perspective(s) automnale(s)...
Vous avez compris que je suis passé par là ces dernières années, ou devrais-je dire, ces dernières rentrées. Et je ne suis pas le seul, bien loin de là. Pour preuve de cette difficulté et de cette chute vertigineuse de l'attrait du métier, la désaffection au concours et la difficulté pour les académies à recruter de nouveaux profs qui se font prégnantes (malgré les suppressions de postes !?!), à ajouter au nombre apparemment assez vertigineux de marins-soldats qui, comme moi, quittent le navire... Peu d'entrées, et des centaines voir des milliers de sorties. Le problème risque vite à ce rythme de devenir insoluble pour le(s) ministre(s) et ses (leurs) sbires, pour l'institution et même la Nation dans son ensemble. Qui a parlé de quadrature du cercle ? L'avantage de l'inconvénient, c'est qu'il va vite falloir trouver une solution, sans quoi...
Mais revenons à la réalité. Dans les jours et les semaines qui viennent, certains parmi les professeurs vont donc tenter de lister les possibilités de "sortie"... Evolution de carrière dans l'Education nationale ? Bon courage, mais pourquoi pas. Devenir prof spécialisé, psychologue scolaire, formateur, ou encore inspecteur, chef d'établissement, peut être un bon compromis entre changement et évolution, tout en restant bien au chaud à l'intérieur de la machine, avec les avantages et bien entendu les inconvénients. Autre possibilité : partir travailler à l'étranger (pas simple...), demander une formation continue (patience, patience !) ou un détachement, mais dans ce dernier cas, il est quasi indispensable de passer un concours de la fonction publique afin d'être crédible... Enfin, pour ceux qui veulent vraiment en finir avec le public, il est possible de créer sa société en commençant peut-être par l'autoentreprenariat, avant de se jeter à l'eau et demander une disponibilité ou cas extrême, une démission avec possibilité d'obtention d'une IDV (Indemnité de départ volontaire).
Autant de possibilités qui demandent toutes des sacrifices, plus ou moins importants selon les distances que l'on souhaite prendre avec le métier de professeur et l'EN. Pour ceux qui veulent quitter à tout prix mais qui n'ont pas d'idée précise, il existe des forums (quitter l'enseignement) qui pourront vous renseigner sur les possibilités en fonction de vos atouts. Il y a aussi l'association aide aux profs qui peut vous accompagner, moyennant adhésion, dans toutes vos démarches, de A à Z (voir anciens post pour les détails. Je vous conseille d'ailleurs si vous êtes intéressés de vous procurer les bouquins de Rémi Boyer dont vous trouverez les références sur leur site). Une chose est sûre, il convient dès le début de se convaincre que la fin justifie les moyens et que dans tous les cas, sauf improbable réussite, le chemin sera long et compliqué. Mais quand le métier devient un sacerdoce, et tant qu'on le peut, je pense qu'il faut tenter sa chance. Quitte à revenir (plus fort!) en cas d'échec.
Voilà pour ce qui concerne ce thème (la reconversion des enseignants) qui est plus que jamais d'actualité, et qui le sera à mon avis de plus en plus. Notre nouveau ministre semble d'ailleurs y porter une attention toute particulière, ce qui est plutôt bon signe. Effectivement, qui a envie d'aller jusqu'à bac + 5, puis passer un concours compliqué pour se ruiner la santé au travail tout en gagnant moins de 2.000 euros par mois pendant la majeure partie de sa carrière ? A part les gens portés par une vocation irrépressible et les masochistes, je ne vois pas trop. Positivons, les choses vont changer... L'EN ne peut pas continuer comme ça... (douce utopie).
Concernant ce blog, et étant données mes nouvelles obligations, ma présence sera moins fréquente et son actualisation risque de se faire à un rythme un peu plus lent que précédemment. Néanmoins, je m'appliquerai à le mettre à jour régulièrement avec de nouveaux articles et j'espère que vous serez au moins aussi nombreux à me suivre (plus de 20.000 visites depuis Mars). Je vous remercie pour votre fidélité. A très bientôt, et bon vent à mes ex-futurs-collègues. Que la force soit avec vous...
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