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Tout Brûle Déjà - La Rumeur

 

 

  La Rumeur se propage toujours... Malgré tous ses déboires, elle enfle, se déforme et continue son chemin, prête à contaminer les esprits bien-pensants, briser les barrières et envoyer valser les préjugés. Et oui, le rap, en plus d'être subversif, peut être intelligent et lettré !

 

  Cinq ans sont passés depuis leur dernier album, Du Coeur A l'Outrage. Cinq années interminables qui ont vu la fin du long procès à rebondissements des membres du groupe suite à des propos de 2002 jugés diffamatoires par le ministère de l'intérieur : " Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété", écrits par Hamé, diplômé d'un master de sociologie au passage, dans un article intitulé "insécurité sous la plume d'un barbare" et publié juste avant le 21 avril, dans une période d'hystérie sécuritaire, dixit Ekoué, l'autre cerveau du groupe. Ambiance ! D'autant que l'ancien président de la République, alors ministre de l'intérieur était partie civile contre le groupe de rap. Mais non, la liberté d'expression n'est pas en danger.

 

  Bon, au final, le groupe est blanchi après quatre relaxes et trois renvois devant différentes cours (qui a dit acharnement ?). Ouf, la liberté tant chérie qui permet de pouvoir dire dans des chansons des vérités difficiles à entendre pour certaines institutions est préservée. Outre ces déboires, le groupe a également récemment produit un documentaire produit et diffusé par Canal + (De l'encre) avant de sortir ce nouvel album.

 

  Avant d'y venir, difficile pour moi de ne pas évoquer l'Ombre Sur La Mesure, le premier opus du groupe, sorti en 2002, donc, et qui avait, à l'époque été une véritable révélation : samples jazzy voir variet' années 30 bien franchouillarde et textes acérés au vitriol qui renvoyaient le pays de Molière et de Voltaire au devant de ses contradictions coloniales et post-coloniales. Tout un programme ! Le rapport qu'il entretient avec ses fils d'immigrés (et donc citoyens français par définition) était lui-même analysé, torturé, maché, digéré, vomi. Le tout avec une certaine force de persuasion et surtout, un verbe, un vrai. Un rap violent, certes, mais lettré, utile, nécessaire. Géant ! (Et surtout pas "Guéant".)

 

  La suite avait été plus compliquée pour La Rumeur qui, en gardant sa verve, avait sombré dans la masse des productions d'un hip-hop électro, lourd, banal en somme (dans la forme, car le fond, lui, n'a pas changé). Arrive aujourd'hui Tout brûle déjà, donc, le quatrième album du groupe. Une fois de plus, le ton est grave, les textes sont (presque) toujours aussi puissants et ont le mérite rare de remuer la merde et le vieux côté collabo et pétainiste qui attend, tapi dans un coin sombre du (sub)conscient de notre pays, prêt à nouveau à se montrer au grand jour. Le tout avec justesse et sans concession. Ensuite, et c'est bien dommage, les refrains sont un peu bâteau voire lourdeaux, répétitifs, lents, les instrus ne sont pas toujours très raffinées, voire même pénibles (saturation maximale !) et certains morceaux sont Hors-Sujet, ce qui est le cas du titre du même nom et premier single de l'album. J'avoue ne pas avoir trop compris... A moins que ce soit du second degré mais je n'en suis pas vraiment sûr. La Rumeur ne peut pas sombrer dans le gangsta-rap auto-congratulant, non, je n'y crois pas. Disons que c'est du second degré. Mais bien caché par contre !

 

  Heureusement, quelques bonnes suprises égrènent l'album comme, entre autres, Interdit d'accès qui ouvre le bal, Un soir comme un autre, Tous ces mômes vont grandir, P'tite Laura...

 

  N'empêche qu'approche le temps de la remise en question, les gars... Va falloir y penser !

 

 

  Note : 3/5

 

 

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10/05/2012
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