Mes disques des années 2000
Première série de classements musique par décennie avec les années 2000, les plus proches de nous. Attention donc au manque de recul, même si certains disques sont sortis depuis plus de dix ans déjà...
La première chose qui me vient à l'esprit au moment d'évoquer les années 2000 et qui est somme toute assez significative, c'est que, pour la première fois dans l'histoire de la musique, cette décennie n'a pas vu l'émergence d'un nouveau style particulier et caractéristique. A titre d'exemple, les années 90 ont accouché de mouvances nouvelles et représentatives avec, en tête, le trip-hop (Portishead, Massive Attack) et le grunge (Nirvana). Idem pour les eighties qui avaient vu éclore le hip-hop, naître l'électro et se démocratiser la new wave. Dans les seventies, ce furent la disco, le reggae et le punk qui régnèrent sans partage. Encore avant (mais je n'étais pas encore né) étaient apparus et dans le désordre, la pop, le jazz, la funk, le rock et tous ses dérivés ainsi que le blues. Cela me semble assez important pour être souligné.
Alors, me direz-vous, cette décennie musicale est-elle à oublier, à jeter aux ordures sans discernement ? Point du tout. Aucun nouveau genre n'a réellement explosé mais ce qui est tout à fait remarquable, c'est que tous les styles sus-cités ont été mélangés dans un bouillon créatif sans précédent. Alors qu'auparavant les genres étaient bien cloisonnés, hermétiques et identifiables, là, on a pu constater l'émergence d'un véritable melting pot pulvérisant de façon éblouissante les barrières et autres frontières musicales, ce qui était tout bonnement inconcevable encore quelques années auparavant. C'était comme si les nouveaux sorciers de cette époque s'étaient entendus pour mélanger tous les ingrédients de ce qu'ils avaient appris dans un seul et immense chaudron bouillonnant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est quand même vachement interessant.
Primo, mélanger le hip-hop et le rock, genres ennemis dans les années 90, il fallait y penser. La chose avait déjà été tenté, sans réel succès (enfin si, il y a eu Rage Against The machine, un ovni pour l'époque. Les autres "expériences" n'ayant été que produits marketing sans âmes). Il fallait avoir un sacré culot pour le faire, réellement, s'entend. Y ajouter un brin de pop, une pincée d'électro, une once de punk et un semblant de reggae ou de disco, mon Dieu, quel blasphème. Et pourtant... Quand on écoute le résultat, c'est finalement très satisfaisant, au-delà des espérances. (Même si, et c'est le bémol, il n'y a pas eu autant de grands albums que ça.)
Avant, il y avait d'un côté, la musique faite par et pour les noirs, et de l'autre, celle par et pour les blancs. C'est un peu schématique mais c'est la vérité. Les années 2000 ont donc vu la première vague d'un métissage ahurissant qui a changé la donne et les codes dans la création assimilée à cet art. Et encore une fois, on se rend compte que résultat final est bien supérieur à la somme des parties. C'est d'ailleurs le propre du métissage au sens biologique du terme, n'en déplaise à tous les abrutis arriérés partisans des races pures. Laissons-les d'ailleurs patauger dans leur consanguinité glauque et sans avenir. Nous constaterons bien le pathétique résultat.
Comme pour confirmer ma thèse, le meilleur album hip-hop de la décennie a été pondu par un blanc-bec bouseux sorti du fin fond de l'Angleterre (Mike Skinner de The Streets) et son équivalent rock par un afroaméricain stylé à casquette de Virginia Beach (Pharrel Williams de N*E*R*D). Qui aurait pu le croire ? Sûrement pas les membres de Public Enemy ou des Rolling Stones à leurs époques respectives.
Allez, trève de bavardages, en route les enfants... Gardez bien à l'esprit cette idée de mélange, fondamentale dans les (courtes) chroniques de ces meilleurs albums des années 2000. C'est le fil rouge...
1) Gorillaz : Demon Days (2005)
A mon humble (?) avis, le groupe le plus emblématique de la décennie. Vous me direz, et je vous l'accorde, ce n'est peut-être pas très objectif. Qu'importe ! Parfois, le coeur parle et Demon Days est l'album qui m'a le plus marqué et accompagné pendant cette période. Ce groupe est d'ailleurs à mon sens le plus représentatif de ce marriage des genres que je viens d'évoquer. Et ici, c'est carrément une véritable partouze ! Pop, hip-hop, électro, rock, punk, tout passe à la moulinette, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Car le tout est très cohérent. Articulé autour des trois immenses tubes que sont Dirty Harry, Feel Good Inc et Dare, ce disque est un véritable trésor de puissance, d'émotion et de maîtrise. Certains diront que leur première livraison, éponyme, était meilleure. Ça se peut. Elle n'est d'ailleurs pas très loin dans le classement et contient le tube ultime des années 2000, Clint Eastwood. Tant pis, moi, c'est Demon Days dans son ensemble plus cohérent que je préfère. C'est tout. Et c'est comme ça.
Note : 5/5
2) The Streets : Original Pirate Material (2002)
Quelle claque ! Les premières mesures de Turn The Page sortent des enceintes en ce jour pluvieux de 2002. Un pote vient de me ramener le disque qu'il a acquis un peu par hasard. Et effectivement, on est sur le cul. Il est donc l'heure de tourner la page : le hip-hop vient d'entrer dans une nouvelle ère, celle de son futur. Il n'en reviendra jamais, n'en déplaise aux puristes. S'installe ensuite la furia de Let's Push Things Forward juste après un intermède très... urbain et mélancolique, Has It Come To This. Ok, allons de l'avant, et ne nous retournons plus. Ou quand Lee Perry sous acide rencontre le Wu-Tang Clan et les Daft Punk. La messe est dite. Same Old Things, It's Too Late, Too Much Brandy, Don't Mug yourself ou encore The Irony Of It All et Stay Positive ne font que confirmer la tendance : le hip-hop est mort, vive le hip-hop !
Et mon pote et moi, on reste là, ébahis, la bouche ouverte alors que le disque est terminé depuis longtemps. Fébrile, tremblotant, je me lève et rappuie sur lecture ; C'est reparti pour un voyage dans le temps à venir.
Note : 5/5
3) N*E*R*D : In Search Of... (2002)
Ah, 2002, sacrée année, quand même, non ? On est reparti pour un voyage dans le futur. Cette fois-ci, on assiste à l'évènement inverse que pour The Streets. Le roi du R&B, Pharrel Williams producteur de Britney Spears, Kelis et Justin Timberlake nous envoie l'album rock (car c'en est un) de la décennie en plein dans les gencives. Ça fait mal, mais c'est bon. On en redemande. Les brulôts tels que le morceau d'ouverture, Lapdance (ultra-puissant) s'enchaînent et ça part dans tous les sens. Metal, Funk, Pop, Rap et un peu de R&B quand même. Ça n'arrête pas une seule seconde. C'était sacrément osé et complètement impensable mais le pire, c'est que ça marche grave ! le sommet de la carrière du bonhomme, bien aidé par ses deux acolytes. Une petite anecdote quand même, le disque est sorti dans une version classique (R&B) et finalement les N*E*R*D l'ont retiré et réenregistré complètement avec des instruments rock. Pour se persuader que c'en est réellement, il suffit d'écouter Rock Star qui tournait en boucle à l'époque sur MTV. Incroyable !
Vous verrez, vous ne serez pas déçu(e) du voyage.
Note : 5/5
4) 2 Many Dj's : As Heard On Radio Soulwax Pt.2 (2002)
Et ouais, encore 2002. Définitivement une putain d'année ! Alors là, on change de registre (quoique). A l'époque, ce disque sort de nulle part. Il est le mix de 45 titres en 30 morceaux de 2 minutes en moyenne. Il y a de tout, du bon vieux rock bluesy, du Kiss, Du Michaël Jackson, du Prince, Du Velvet Underground, du Destiny's Child, Iggy pop, Vanessa Paradis etc etc... Tout et n'importe quoi. Le résultat est grandiose. La quintessence de la musique électronique, à mon goût. Car c'en est. Cet album des deux belges de Soulwax m'a d'ailleurs clairement réconcilié avec la Techno, ce qui n'était, croyez-moi, pas gagné d'avance. J'ai dû pourtant m'incliner devant le génie des deux frangins.
C'est une véritable tuerie. Mettez le disque pendant une soirée si vous voulez vous faire retourner votre appart'. Un truc de déments.
En dix minutes, tout le quartier hurlera : NOW I WANNA BE YOUR DOG ! ! ! ! ! Et quand les flics rappliqueront, ils ne pourront que se déhancher avec vous et votre fine équipe sur Joe le Taxi en version house (et ouais!).
Succès garanti!
Et bye bye la caution.
Note : 5/5
5) Arcade Fire : Funeral (2005)
Alors là, on change carrément d'année, et surtout de registre. Ca devient tout de suite plus sérieux et classique. A la limite, l'idéal est d'écouter tranquillement cet album au moment de la gueule de bois après la soirée avec 2 Many Dj's. Les Arcade fire vous réveilleront alors tranquillement, avec goût et délicatesse après la beuverie de la veille (attention, c'est du rock quand même). Comme son nom l'indique, c'est pas très gai. Mais c'est beau, très beau même. d'une beauté pure et atemporelle. Certainement le plus bel album de la décennie. Ses deux seuls défauts sont une production faiblarde et la voix parfois nasillarde du chanteur Win Butler. Pour le reste, il suffit d'écouter, d'apprécier et de se laisser emporter par la mélancholie, les cordes et les envolées lyriques.ce genre d'émotion, ça ne s'explique pas, ça se vit.
Tout bonnement magnifique !
Note : 5/5
6) Radiohead : Kid A (2000)
Quatrième album de Radiohead, l'ultra-expérimental Kid A est l'album préféré de la plupart des critiques pour cette période. Une prise de risque énorme, des sons électroniques venus d'ailleurs, une production de glace... La suite de OK Computer s'appréhende en effet difficilement mais après une bonne dose d'écoutes, on est accro. Fondamentalement le disque le plus représentatif du groupe. D'avant-garde à l'époque, il l'est toujours aujourd'hui. Grandiose.
Note : 5/5
7) Outkast : Speaker Box / The love Below (2003)
Deux albums en un pour le duo d'Atlanta déjà séparé mais au sommet de son art. Contient l'immense tube Hey Ya ! qui a fait bouger tous les derrières de la planète pendant une grande partie de l'année 2004.
Note : 4.5/5
8) Noir Désir : Des Visages, Des Figures (2001)
Dernier album de la troupe de Bertrand Cantat avant le tragique évènement que tout le monde sait. Un disque racé, désabusé, fataliste, limite prophétique. En effet, il est sorti le 11 septembre 2001 et contient la troublante chanson Le Grand Incendie qu'on pourrait croire écrite après les évènements. De plus, la tristesse qui s'en dégage a posteriori laissait déjà présager le pire pour la suite...
Note : 4.5/5
9) Portishead : Third (2008)
La troupe de Bristol revient dix ans après, toujours aussi inspirée, et Beth Gibbons une fois de plus impressionnante, habitée, hantée, pour notre plus grand bonheur (!?) malgré le malaise omniprésent qui règne...
Note : 4.5/5
10) MIA : Kala (2007)
Une anglaise sortie de nulle part vient révolutionner le monde de la musique avec son électro ethnique et profondément hip-hop en 2005. En 2007, elle pond sa meilleure production, Kala, qui contient l'immense tube planétaire paper planes. Décoiffant ! Et voilà qu'aujourd'hui elle se permet de faire un doigt d'honneur à la mi-temps du super-bowl en featuring avec madame Madonna. Bien joué !
Note : 4.5/5
11) John forté : I, john (2002) 4.5/5
12) Gorillaz : Gorillaz (2001) 4.5/5
13) Justice : Cross (2007) 4.5/5
14) Sufjan Stevens : Illinois (2005) 4.5/5
15) Gossip : Standing in the way of control (2006) 4.5/5
16) La Rumeur : L’ombre sur la mesure (2002) 4.5/5
17) Burial : Untrue (2007) 4.5/5
18) The Roots : Phrenology (2002) 4.5/5
19) Soulwax : Most of the remixes… (2007) 4.5/5
20) Amy winehouse : Back to black (2006) 4.5/5
21) MGMT : Oracular spectacular (2008) 4/5
22) Santogold (2008) 4/5
23) Radiohead : Amnesiac (2001) 4/5
24) CSS : Cansei de ser sexy (2006) 4/5
25) La Roux (2009) 4/5
26) Feist : The reminder (2007) 4/5
27) Beth Gibbons & Rustin Man : Out of season (2002) 4/5
28) Kanye West : Late registration (2005) 4/5
29) The White Stripes : Elephant (2003) 4/5
30) Wu-tang clan : The W (2000) 4/5
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