An Awesome Wave - Alt-J (Δ)
Dorénavant, quand une bande de blancs-becs au crépuscule de l'adolescence, anglais qui plus est, sont présentés comme les nouveaux génies à la faveur d'un single par une certaine presse constamment à la recherche de buzz immédiat, celui qui fait vendre du papier ou cliquer, on se méfie. En général, il y a de quoi. Pourtant, avec Alt-J (Δ), ce n'est pas aussi simple. Dommage.
Car finalement, et effectivement, il aurait été tellement plus commode, plus pratique, de bon ton dirais-je même de descendre en flèche le nouveau phénomène britannique. On aurait ainsi gagné pas mal de temps. Car dès le début, Alt-J avait tout pour être détesté : quatre jeunes snobs propres sur eux et avec chacun un balai dans le cul, un succès fulgurant voir indécent, un nom pompeux, un buzz phénoménal, des titres guillerets, polis, qui caressent dans le sens du poil et accrochent l'oreille dès la première écoute... Tous les ingrédients étaient réunis pour que la baudruche se dégonfle en quelques jours, voire, au pire en quelques semaines. Souvenez-vous du cas Wu Lyf l'an dernier, bien vite réglé une fois la supercherie révélée (quelques écoutes suffisaient d'ailleurs...).
En réalité, voilà plus de deux mois que An Awesome Wave est sorti. La source du buzz s'est comme prévu tarie, les hyperactifs de la nouveauté s'en sont allés voir ailleurs mais la musique des quatre de Leeds est toujours là. Elle a tenu le choc une fois de retour dans l'ombre, comme par magie, ou plutôt, par miracle. Bon, tout n'est pas parfait, et la sauce ne prend pas toujours (Something Good, Dissolve Me, MS, Bloodflood, sympas mais pas inoubliables, voire parfois un peu bancales). Soit une petite moitié de l'album qui ne restera pas dans les annales. Dommage, car pour le reste, et bien, comment dire, c'est bon. Voire même très bon et par moments excellent, surtout avec Tessellate et Matilda qui se placent comme deux des meilleurs titres sortis cette année tout en définissant parfaitement la texture et la couleur de cette incroyable vague. La même qui vous submerge encore avec Breezeblock tout comme elle nous avait titillé avec une intro intrigante mais au final magnifique et un génial premier interlude a cappella, tissé savamment de plusieurs couches délicates. Fitzpleasure, très rock malgré les apparences et Taro, enfin, assurent et tiennent avec grande classe la baraque dans la deuxième partie du disque.
Finalement, c'est maintenant qu'Alt-J (combinaison de touche pour obtenir le symbole delta -Δ- sur Mac) est retombé dans une sorte d'anonymat relatif et apaisé que l'on apprécie réellement sa musique, à l'écoute d'un disque qui a le mérite (rare) d'être à la fois excellent (parfois génial) et accessible, ce qui fait de lui une des très bonnes surprises de cette année, et peut-être plus. Qui l'eut cru ? Pas moi, en tout cas, je l'avoue bien volontiers. Mais force est de constater que ça a sacrément de la gueule !
Note : 4/5
Le clip de Tessellate
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