Eva
Quand les Espagnols se mettent à la science-fiction, ou devrais-je dire à l'anticipation, cela donne Eva, un film habité et singulier qui hésite entre grandiloquence sociétale et intimisme finalement humain au milieu de tous ces robots. Du coup, il a un peu de mal à trouver son chemin alors que nous voyions très bien, dès le début, où il voulait nous emmener.
Bien sûr, je ne vais pas bouder mon plaisir. Les américains nous ont trop habitués à des coquilles tristement vides avec leurs blockbusters SF pour ne pas se féliciter de trouver dans Eva un scénario intéressant, fouillé et touffu. Et surtout crédible, malgré le côté fantastique voire féerique de cette fable rétro-futuriste qui nous transporte, plutôt qu'en 2041, dans une sorte d'univers contemporain parallèle ou la domestication de la robotique telle qu'on l'imagine aurait eu lieu.
Le problème avec les robots, c'est que l'on a toujours droit à la sempiternelle (double) question : peut-on réellement les affubler d'un libre arbitre et d'attributs de conscience purement humains (remember Isaac Asimov) et si oui, quel moyen mettre en place pour garder le contrôle ultime ?
Dans Eva, construire des robots libres est interdit, mais Alex (Daniel Brühl), sous couvert de l'université et du centre de recherche dans lequel il revient, dix ans après, s'y emploie. Son but, créer Si-9, une nouvelle génération d'androïde, totalement libre. Enfin presque totalement, car un programme permet de "désactiver" de façon définitive n'importe quel robot, en cas d'urgence extrême, en prononçant une simple phrase : "Que vois-tu quand tu fermes les yeux". Pratique.
Pour réaliser et réussir son projet, donc développer son androïde, Alex prend modèle sur Eva (superbement interprétée par Claudia Vega, excellente et pleine d'avenir), une enfant très particulière qu'il croit être sa nièce et qui est née pendant sa longue absence. Et bien sûr, tout ne va pas se dérouler comme prévu à l'occasion de ce "voyage" au coeur de l'âme humaine. En parallèle à ses recherches, un certain nombre de souvenirs et de situations qu'Alex avait laissés en plan se rappellent à lui pour autant de complications. Très vite, on passe donc de la pure anticipation très scientifique à la tirade psychologique (et neigeuse !?) assez peu inspirée et apparemment de coutume en Europe (ben ouais, j'ai l'impression que ce n'est pas qu'en France).
Parti sur de bonnes bases, le film sombre donc lentement dans la deuxième partie mais est sauvé heureusement par le jeu de la jeune actrice et quelques rebondissements relativement bien sentis quoique prévisibles. Au final, Eva est bon film d'anticipation, original et intéressant si on le compare aux superproductions américaines mais handicapés par ses attributs de série B qui ne lui permettent jamais vraiment de décoller. Dommage car l'idée était bonne et le rôle d'Eva joué parfaitement. A voir tout de même.
Note : 3/5
La bande annonce
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