In Time
Avec pour point de départ un pitch original et intéressant, In Time (Time Out par chez nous) était porteur de grands espoirs malheureusement assez vite déçus, comme souvent dans ce genre de film. La faute une fois de plus à un traitement aseptisant, lisse, fadasse, ou quand le plaisir du spectateur compte bien moins que le taux de remplissage du tiroir-caisse.
Le temps, c'est de l'argent.
Dans In Time, chaque minute, chaque seconde compte, bien plus que dans notre monde à nous. En effet, le temps y a pris le pouvoir. Les habitants de ce futur finalement peu éloigné du nôtre (parallèle ?) ne connaissent plus l'argent et s'acquittent de leurs dûs et de leurs dettes en perdant quelques précieuses secondes de vie. A partir de 25 ans, le compte à rebours se met en marche et ne survivent que ceux qui arrivent à cumuler, honnêtement ou non, un peu plus de ce temps, centre de toutes les attentions. Le monde est alors divisé en deux : d'un côté, ceux qui vivent au jour le jour, et de l'autre, ceux qui tendent vers l'immortalité... Manichéen, vous avez dit ? Pas tant que ça...
Voilà, je viens de faire le détail de tout ce qui est positif dans ce film, à savoir le point de départ, et cette idée donc, assez intéressante. Une idée qui aurait toutefois mérité un meilleur traitement. Car à partir de ce constat de départ, tout s'écroule ensuite progressivement : Le scénario se noie rapidement dans ses approximations et ses incohérences, le jeu des acteurs (Justin Timberlake en tête) frise le ridicule, et je ne parle même pas des décors et de l'image, complètement ratés (et pourtant si importants dans un film SF). Même la B.O. est franchement pathétique. Au bout d'un petit quart d'heure, on n'y croit déjà plus du tout... Autant dire que la grosse heure qui reste ensuite passe bien difficilement. La lutte pour que je ne m'endorme pas a d'ailleurs été farouche, la fin du film un soulagement...
Le personnage joué par Justin (dont j'ai déjà oublié le nom) accumule dans son sillage et son champ d'action tous les lourds poncifs du genre : Il a le charisme d'une huître et devient d'un coup le sauveur, le robin des bois moderne qui va prendre le "temps" aux gros méchants pour le donner aux gentils pauvres qui meurent dans les rues comme des chiens quand leur dernière seconde est arrivée. D'un coup, ce personnage banal et sans morale particulière devient un super-héros qui passe toutes les barrières et combat à mains nues les méchants hyper-entraînés, un putain de super-héro qui va sauver le monde et apporter la rédemption à un peuple qui passera d'un coup d'un seul de l'enfer au paradis... Ou comment transformer le concept de subversion en pop corn insipide et prémâché pour éviter au spectateur peu averti une indigestion qui pourrait lui donner des idées de révolte malvenues (enfin, y a de la marge quand même)...
Car au final, le monde d'In Time ressemble à s'y méprendre au nôtre. Derrière une critique maladroite et de façade du libéralisme se cache en réalité quelque chose de bien plus sournois, pernicieux même : L'antidote de la révolte. L'impression d'avoir changé le monde, de l'avoir sauvé est bien présente... Pourtant, c'est l'effet inverse qui a été atteint. Car l'ancien monde, le vrai, le réel, lui, est toujours là.
Raté. Et pas qu'un peu...
Note : 1/5
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