Narrow - Soap&Skin
Deuxième album de cette jeune autrichienne sortie de nulle part. Une livraison âpre, taillée au pic à glace avec un ovni à l'intérieur : la reprise de Voyage Voyage version banquise arctique et avec l'accent teuton s'il vous plaît...
C'est justement la reprise de ce "classique" kitch emblématique des années 80 pour nous frenchies qui m'a permis, un peu par hasard il faut bien le dire, de connaître la froide musique de l'autrichienne de Soap&Skin. Le résultat est assez déroutant et à des années-lumière de l'original, tout en y étant au final assez fidèle, bizarrement. Et je me dis a posteriori que ce morceau était pas si mal que ça dans le fond. Si on l'enlève la coupe terrible de Desireless et l'orchestration un peu vulgaire ben, c'est un bon morceau. Dans le fond, hein, pas dans la forme. D'ailleurs, Soap&Skin nous le prouve avec trois accords de piano et une orchestration donc, ultra épurée.
Bon, il n'y a pas que ce morceau heureusement dans l'album. Ca commence avec Vater, hommage au père disparu de la jeune femme, mort d'un accident de vélo. Si, si, je vous assure... D'emblée, on est dans le ton : un piano, quelques cordes samplées discrètes et une froide mélancolie qui glace le sang. Pas le genre de morceau à écouter lors d'une soirée entre amis ou si l'on a des tendances dépressives voire suicidaires. C'est hyper-glauqe... subitement, le piano s'enflamme, on monte dans l'intensité tout en baissant dans les octaves et surtout, on se laisse prendre au jeu.
Après la reprise retenue et feutrée de Desireless (apparemment tube aussi en Autriche à l'époque), on enchaîne avec Deathmental, brulôt industriel, en anglais cette fois-ci. Anja Franziska Plaschg, c'est son vrai nom, nous montre ici son vrai visage. Un visage torturé malgré son apparente (et froide) beauté. On pense évidemment à Björk, Portishead mais aussi These New Puritans. Une chose est sûre, on est bien loin des standards. Cradelson calme un peu le jeu ensuite. Retour du piano donc, omniprésent Et Brr... malgré les chaudes températures de ce printemps naissant, on a d'un coup quelques frissons et clairement froid dans le dos. Wonder s'inscrit dans la même veine avec ses choeurs inspirés en plus. Le reste passe très vite. En fait, l'album est très court et a plutôt le format d'un maxi (à peine trente minutes). L'avantage, c'est qu'on a pas le temps de s'ennuyer et les redondances sont évitées (de justesse). Les deux derniers morceaux, Boat Turns Toward The Port et Big hands Nail Down concluent brillamment un disque âpre donc, toujours sur le fil mais qui réussit à faire passer, et c'est son but, cette émotion brute et racée.
Au final, Narrow est un très bel album, court, intense, original et surprenant. La parfaite B.O. pour un hypothétique thriller Lapon. Ames sensibles ou fragiles s'abstenir.
Note : 3.5/5
Voyage Voyage
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