Tetra - C2C
Evènement annoncé de la rentrée (via pubs TV), unanimité d'éloges, nouveau carton de l'électro française... Autant de superlatifs et de louanges qui ont accompagnés la sortie du premier album des nantais de C2C : Tetra. Les quatre fois champions du monde de DMC (Disco Mix Club) débarquent donc en trombe dans le but d'envahir la place et de devenir les nouveaux maîtres dans un genre libre actuellement de tout leader.
Tetra, quatre en grec, est un leitmotiv décidemment à la mode ces derniers temps (Beyoncé, Bloc Party...). Bon, là, ce n'est pas parce que ces anciens de Beat Torrent ou Hocus Pocus sortent leur quatrième album, mais bien parce qu'ils sont quatre, et également car ils ont été quatre fois champion du monde. Moué... Sur la pochette, c'est la fête. Dans le disque aussi. Et ça se comprend : le premier maxi du groupe, Down The Road, sorti en début d'année, a été un véritable succès. Idem pour le single éponyme. C'est donc en pleine confiance que C2C nous envoie ce tetra "in the face".
Un tetra qui sent tout de même un peu le réchauffé. Quatre des quatorze morceaux sont issus du maxi (Down The Road, donc, Arcades, Fuya et The Beat) et font office de pierres angulaires, ce qui est plutôt mauvais signe. D'ailleurs, autant le dire tout de suite et en finir avec ce suspense intenable : Tetra, malgré tout le bruit fait autour est assez décevant. Il n'est pas mauvais, non, mais accumule les défauts et les lourdeurs : déjà, les quatre bonhommes ont pour ambition de ratisser très (trop) large. Du coup, les mix sont tièdes, déjà-vus, ressemblent à des sous-Justice la plupart du temps ou à des Soulwax/2 Many Dj's de quatrième division, pour ne parler que des francophones. Et encore, le son crade en moins et le côté soupe en plus. Les nouveaux morceaux sont à ce titre un peu trop lisses et franchement trop aguicheurs pour être honnêtes. Finalement, pour ce premier effort studio version longue, j'ai l'impression que les C2C ont cherché à toucher le plus grand public tout en faisant étal de leurs évidentes qualités techniques, sans finalement trouver la formule, le ciment qui leur aurait permis d'en faire quelque chose de crédible.
Du coup, au moment du bilan, on se retrouve avec une poignée de titres corrects mais sans plus (Give Up The Ghost, ovni du disque, Because Of You, Arcades, Down The Road, Fuya, ces trois derniers d'ailleurs déjà sur le maxi...), quelques pistes pas terribles du tout (Happy, Who Are You...) et pas mal de morceaux moyens (tous les autres). Le plus pénible, en réalité, c'est ce besoin prégnant tout au long du disque d'en faire tellement que c'en devient trop : des scratches omniprésents et déclinés à toutes les sauces, une production trop léchée et aseptisée, limite variété par moment, des featurings à la pelle pas toujours pertinents, une irrépressible envie de faire étal de sa technique et de toucher à tous les styles pour n'en sortir au final qu'un catalogue désincarné : de l'électro, donc, du hip-hop, du blues, de la pop, du trip hop, des musiques orientales ou africaines, du gospel, de la soul, etc, le tout sans véritable liant. Trop, c'est trop, et malheureusement, on frôle rapidement l'indigestion.
Alors, bien sûr, il est évident que la formule va plaire au plus grand nombre, le disque est d'ailleurs déjà un (gros) carton national. Tant mieux pour C2C, et tant pis pour ceux qui comme moi cherchent désespérément une descendance crédible aux anciens leaders de l'électro à la française. Le trône, déserté récemment par Justice, reste donc libre. Bon, malgré tout, même si le disque est décevant, je pense que le meilleur angle d'approche pour apprécier et jauger véritablement le potentiel (réel) de ce groupe, est peut-être (certainement ?) la scène, le live.
Faut voir.
Note : 2/5
Le clip d'Arcades
Ecouter le disque sur Grooveshark
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