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Skelethon - Aesop Rock

 

 

 

 

  Le rappeur underground de Long Island Aesop Rock, pionner du Hip-Hop alternatif estampillé vingt-et-unième siècle nous envoie sa nouvelle livraison en pleine gueule. Le colis étant plutôt dense et massif, il n'y a pas à dire, ça fait mal et nous expédie directement dans les cordes, chancelant, à la limite du K.O.

 

  Ouais, je crois que la métaphore est bonne : un énorme uppercut dans les dents, c'est l'effet du disque et de ses quinze morceaux (dix-huit dans la version deluxe). Trois tubes sortent du lot comme autant de bombes sans pitié : Leisureforce et ZZZ Top qui ouvrent le bal ainsi que le premier single Zero Dark Thirty. Les autres n'atteignent jamais ce niveau stratosphérique mais restent à une très bonne hauteur, largement au-dessus de la pathétique masse de production d'un navire Hip-Hop qui a touché le fond ces dernières années mais qui continue pourtant à creuser. 

 

  Heureusement, les pestiférés indé et alternatifs sont là, dans l'ombre, sortant de temps en temps des caves moites et sombres pour agresser l'auditeur au détour d'une impasse qui aurait tout du coupe-gorge parfait. Un exemple cette année avec l'acolyte D'Aesop en la personne d'El-P qui s'est déjà distingué deux fois au printemps (ici et ). Dans le cas qui nous intéresse, la recette est élaborée ; lyrics acérés déballés à la vitesse de la lumière, rythmes complexes et hachés ou plutôt coupés au couteau, prods limite Rock, boucles malsaines d'usines, rimes de joaillier taillées au burin mais tirées à la Kalash, thèmes adultes désabusés et sans illusion émanent de ce Hip-Hop glauque qui tache et n'hésite pas à se salir les mains, autant dire à remuer la merde.

 

  Alors, oui, je vais une fois de plus me répéter et radoter comme le vieux (jeune) con que je suis : dans Skelethon, on est bien loin des produits calibrés pour oreilles fragiles habituées aux sons lissés et au prêt-à-entendre des grosses machines à fric de l'industrie.

 

  Des années-lumière.

 

  Alors, oui, ce disque risque de passer inaperçu dans la masse de la guimauve, oui... Et c'est bien dommage, car voici une véritable œuvre d'artiste, tendue, sensible, lucide et désabusée. Un instantané d'une époque tellement particulière, réalisé avec le cœur, la tête et les tripes. Une toile musicale qui s'apprivoise avec patience, persévérance et ouverture d'esprit.

 

  Du travail d'orfèvre.

 

 

  Note : 3.5/5

 

 

 

 

Zero Dark Thirty

 

 

 

 

 

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09/08/2012
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