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  Ah Zebda... Une partie de ma jeunesse. Quand j'entends le nom de ce groupe ("Beurre" en arabe. Pas mal le jeu de mot non ?), j'ai un petit pincement au coeur. Je repense à ces concerts intenses et enflammés, mais surtout à cet album incroyable que fut Le Bruit Et l'Odeur. D'ailleurs, pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe, ou ceux pour qui Zebda rime simplement avec Tomber La Chemise, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce disque sorti en 1995 et fusion incroyable de Raggamuffin', Raï et chanson française, avec l'accent du sud s'il vous plaît. Un modèle du genre, qui a tenté avec succès de réconcilier à l'époque plusieurs communautés (musicales hein... quoique...) fâchées. Des textes très inspirés et d'une qualité immense couplés à une musique moderne et métisse, telle était la recette incroyable de cet album que j'ai écouté à l'époque des dizaines voire des centaines (des milliers?) de fois. Je connais encore les paroles par coeur, c'est dire. Pour l'anecdote, j'ai même chanté Mon Père M'a Dit à une épreuve de musique du concours d'instit'... Je crois avoir alors fait mon petit effet (pour le texte, hein, pas pour la voix). J'ai eu 15/20 il me semble, ce qui est d'autant plus incroyable que je chante comme une casserole. Bref, écoutez les chansons d'anthologie que sont Mon père m'a dit, donc, Toulouse, Matabiau et surtout Le bruit et l'odeur (avec le discours de Chirac à la fin, si, si... le même que le bon peuple François a élu en 2002 avec 82% des voix pour faire soit-disant barrage au fascisme... Paradoxal, non ?).

  Alors, quand j'ai appris le retour de ce groupe un peu tombé dans l'oubli, j'ai d'abord eu le pincement au coeur dont je viens de parler, ensuite j'ai eu très peur pour eux, et enfin je me suis dit, pourquoi pas. Je vais donc me forcer à émettre une critique la plus objective possible, sans le moindre regard vers le passé. Ca va pas être simple... D'autant que j'avais déjà été déçu par les albums qui avaient suivi Le bruit et l'odeur, à savoir Essence ordinaire, plutôt bon quand même et surtout Utopie d'occase, très bof. Bon, je dois dire que je suis à moitié rassuré après avoir écouté plusieurs fois Second Tour. Rassuré par la qualité des textes, les thèmes abordés, le style. Et un peu moins par certaines instrumentations, les voix, la plupart des refrains et le son en général. En fait, et à vrai dire, le principal problème est qu'en 1995, j'avais 18 ans. J'en ai quasi 35 aujourd'hui. Alors les trucs sautillants, ça va bien cinq minutes... Je vais sans doute passer pour un blasé, mais désolé, je ne fais pas de jeunisme... Pas besoin de ça. Bref, revenons à Zebda. Tout n'est pas négatif, non, l'ensemble est même plutôt positif. Par exemple j'aime beaucoup le morceau d'ouverture, Les Deux Ecoles, très bon. Le Théorème Du Châle également, avec une subtilité raffinée sur un sujet un peu casse-gueule, le voile... J'suis Pas également et son orchestration soul, Harragas (les brutes...)... J'aime moins Le Dimanche Autour De l'Eglise ou Un Je Ne Sais Quoi par exemple qui sonnent un peu "Has Been". C'est comme ça.

  Au final, la bande de Toulouse revient en pleine forme, encore vigoureuse et bien piquante, les poches pleines de textes excellents sortis de la poche du magicien des mots Magyd Cherfi. malgré tout, elle fait bien son âge et accuse le poids des années. Une forme un peu plus adulte (qu'on entrevoit par moments) n'aurait pas été du luxe.

  Retour gagnant.

  Note : 3/5