Sweet Heart Sweet Light - Spiritualized
Passé à deux doigts du trépas, résultat d'une longue vie de débauche rythmée par l'abus de psychotropes divers avec pour conséquence une grave pneumonie qui l'a laissé pour mort, Jason Pierce revient d'outre-tombe avec Spiritualized, son groupe de toujours (dont il est le fondateur et seul membre permanent), et un nouveau disque, donc.
Un disque à première vue plutôt réussi, d'ailleurs accueilli (très) chaleureusement par la plupart des critiques internationales. Et il est vrai qu'à l'écoute des chansons, difficile de ne pas succomber aux mélodies et aux orchestrations assez enchanteresses. Je dois moi-même avouer avoir accroché assez rapidement (trop ?) même si cette dream pop britannique, ou ce "space rock" pour reprendre la dénomination usitée n'est pas ma tasse de thé principale. Pour donner une idée, le rendu serait à chercher dans une improbable fusion entre le Velvet Underground (pour le meilleur) et Oasis (je n'ai rien dit !).
Mais (car vous aviez compris qu'il allait y avoir un "mais") voilà, tout cela est bien gentillet et propret sur lui, et donc diamétralement opposé à l'image décadente de son leader, le sus-nommé Jason Pierce, sorte de Pete Doherty avant l'heure. Imaginez maintenant votre stupeur si ce dernier se mettait à enregistrer des chants de Noël ou des balades à la gloire de Dieu, de Marie et de Jésus, clamant qu'il recherche maintenant une certaine forme de rédemption au-devant de ses débordements passés. Vous trouveriez cela légèrement culotté, non ? Moi aussi. Et bien c'est un peu ce qu'il se passe avec cette album de Spiritualized. Ok, l'ami Jason a été annoncé officiellement et cliniquement mort, ok il est revenu de nulle part, ok il a tutoyé le trépas de (très) près, mais de là à nous broder une nouvelle image de monsieur propre en nous distillant un disque rempli de bons sentiments blindés de références religieuses, faudrait voir à pas trop se foutre de la gueule du monde quand même... Y a que chez les Américains qu'on voit ça... Quoique, les Anglais nous ont montré récemment qu'ils étaient tout à fait capables de fêter au XXIème siècle le jubilé de leur Reine, relique vivante de traditions d'un autre temps. Heureusement, on en a fini avec ça chez nous (sic). Bon, OK, je plaisante, on vaut guère mieux qu'eux... Et surtout, je m'éloigne du sujet, là...
Revenons à l'essentiel, et parlons musique donc, même si le propos de Sweet Heart Sweet Light me dérange quand même un peu... Il est d'ailleurs à l'image du titre, un peu trop "sweet" pour moi, avec un peu trop de références à la lumière divine... Mais bon, passons. Côté musique, donc, pas grand chose à dire, ça a de la gueule, ça s'ingère avec douceur (encore!) et l'orchestration est assez lumineuse (!)... Dommage qu'il n'en soit pas de même avec les textes, mais je me répète, là. De la deuxième plage, la (trop) longue mais toutefois très accrocheuse Hey Jane, jusqu'à So Long You Pretty Thing, en passant par les excellentes Little Girl, Too Late, I Am What I Am (Avec Dr. John) les dix morceaux sont tous plutôt bons sans être non plus transcendants, avec ce trio de fin légèrement trop divin pour moi, et au demeurant porteur de trois (très) belles chansons.
Difficile de conclure autrement qu'en disant que je suis très partagé au moment de donner un avis tranché... Avis qui ne le sera donc pas, tranché. Mon sentiment est mitigé entre dix très bonnes chansons (quand même un peu trop lisses peut-être...) et un propos dérangeant, comme si l'ami Pierce, après une vie infernale, cherchait à se racheter pour s'ouvrir les portes du paradis ( Life's A Problem)... Après, bon, c'est vrai, le gars a failli y passer quand même... Et il est difficile de ne pas succomber à la mélodie de So Long You Pretty Thing, enregistrée avec sa propre fille. Allez, je vais être positif, et terminer en écrivant que Sweet Heart Sweet Light est tout de même un bon album...
Note : 3/5
Le clip de Hey Jane
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 22 autres membres