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Après avoir créé la sensation avec une première saison plus que convaincante, Homeland remet  le couvert avec une deuxième fournée tout aussi réussie. La série de Showtime se pose clairement comme le nouvel étalon de l'œuvre de fiction politique.

Et pour cause... Si la variante américaine n'invente (presque) rien puisqu'elle est adaptée d'une version originale Israélienne, elle a le mérite rare et le courage bienvenu de mettre sans la moindre retenue les pieds dans le plat. La politique extérieure de l'oncle Sam est disséquée au scalpel et clairement montrée du doigt. Idem en ce qui concerne le fonctionnement de la CIA, dans laquelle nous sommes plongés en immersion au cours des douze épisodes que compte cette saison. Les intégristes de l'autre bord ne sont pas épargnés non plus, loin de là, comme d'habitude. Mais au moins, les créateurs de la série tentent d'interpréter, de se faire une idée objective de leur position.

Drones tueurs d'enfants

Les évènements qui sont présentés, les mêmes qui secouent dans la réalité les théâtres de conflits intérieurs et extérieurs à l'Amérique le sont d'une façon a priori réaliste. L'utilisation de drones bombardant avec trop peu de discernement des zones civiles en Irak et Afghanistan est clairement montrée du doigt (voir les récentes polémiques à ce sujet mettant en cause le président démocrate des Etats-Unis himself !). Pas de vision manichéenne des forces du bien contre celles du mal ici, les intégristes/terroristes de tous bords en prennent pour leur grade, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans, soldats, politiques ou simples citoyens (pensez, même le vice-président est présenté comme un salaud notoire et un meurtrier d'enfants). Autant dire que ça change des pamphlets fascistes de propagande républicaine auxquels les créateurs outre-atlantique nous ont toujours habitués. Seules la cruauté et la stupidité moyenâgeuses de cette guerre sont ici mises en évidence, et par la même occasion, dénoncées.

24 (Bis) ?

Bon, vous me direz, c'est quand même un peu en train de changer. Certes... N'empêche, cette série, à travers son succès met en évidence l'émergence d'un contre-pouvoir qui je l'espère aidera à faire évoluer les consciences publiques américaines. Mais parlons de la série en elle-même plutôt que d'évoquer son contexte géopolitique. Si Homeland est décrite comme le digne successeur de 24, la comparaison s'arrête à la thématique traitée, celle de la guerre (du terrorisme) contre le terrorisme. Pour le reste on est clairement un ton au-dessus et dans un registre qui se veut plus proche de la réalité !

Contrat rempli

Ici, le ton est mature, cru, sans fard, l'angle parfaitement trouvé, et même si l'on retrouve quelques clichés bien ricains (on ne se refait jamais complètement) et pas mal de défauts vite pardonnés, l'affaire est savamment menée de bout en bout. Les acteurs, s'ils accusent un jeu parfois redondant tiennent leur rôle savamment tout du long. La saison se savoure d'une traite, sans véritable temps mort. Le tout est mené d'une main de maître. Et le plaisir est au rendez-vous !

En trois mots, vivement la suite. 

Note : 4/5