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The Bravest Man In The Universe - Bobby Womack

 

 

 

 

  Il n'est pas franchement aisé de critiquer la dernière production d'une véritable légende vivante. C'est pourtant ce que je m'apprête à faire avec cette chronique de The Bravest Man In The Universe de ce bon vieux et éternel Bobby Womack. J'en suis presque tout tremblotant et j'en ai la gorge nouée... Mais bon, allons-y !

 

  Bobby Womack, dans l'imaginaire collectif, c'est avant tout ce morceau majestueux et atemporel qui a marqué plusieurs générations, dont la mienne : Across 110th Street. Ça ne vous dit rien ? Mais, si, dans les années 90, on a (re)découvert cette chanson grâce à Quentin Tarantino et son film Jackie Brown. Ça vous revient ? Tant mieux. Un de mes morceaux préférés et élément indispensable d'une hypothétique playlist idéale, toutes époques confondues. Plus récemment, Bobby s'est illustré auprès de Damon Albarn en 2010, avec notamment Stylo, morceau phare du Plastic Beach de Gorillaz. C'est d'ailleurs l'inlassable et hyperactif anglais qui produit The Bravest... Et non, il n'y a pas de hasard.

 

  Difficile de ne pas s'attarder sur la bio de l'artiste en question avant d'aller plus loin. Quelques lignes ne suffiront sûrement pas à être exhaustives mais je vais tenter de faire un résumé rapide. Il a joué avec Elvis Presley et avec James Brown, pondu le premier tube des Rolling Stones (It's All Over Now !), fait partie de Sly And The family Stone, collaboré avec Aretha Franklin et Janis Joplin, et a une vingtaine d'albums studio à son actif. Rien que ça. Et encore, ce n'est pas tout. Côté obscur, il a aussi derrière lui un lourd passé d'addictions à toutes sortes de drogues. Et voilà qu'aujourd'hui, à l'instar de Gil Scott Heron (présent d'ailleurs sur un interlude et qui a passé l'arme à gauche l'an dernier), ou Dr. John plus récemment, il tente un retour remarqué avec un des producteurs les plus furieusement modernes et dans le vent.

 

  Enfin, ça, c'est en théorie, car les productions de l'ami Damon commencent un peu à dater et à se répéter inlassablement. On a l'impression que l'inspiration de l'ex-futur Gorillaz a du plomb dans l'aile. Bon, c'est toujours propre, et un peu en retrait pour l'occasion, mais rien de très original de ce côté là. Ce n'est de toute façon pas là qu'il faut chercher la qualité de ce disque. Elle est ailleurs.

 

  "The bravest man in the universe is the one who has forgiven first". Avec ces premières paroles limite prophétiques, on est d'entrée dans l'ambiance et on ne peut effectivement que constater que le bonhomme a un sacré vécu derrière lui ; on se dit qu'il a dû en voir des choses. Des vertes et des pas mûres. D'emblée, sa voix éraillée, grave et écorchée nous saute aux tympans et nous attrape le cœur, nous noue les tripes. Pour ne pratiquement plus les lâcher pendant les deux premiers tiers du disque. L'émotion est palpable et la puissance du bonhomme transpire de l'œuvre. Car oui, il ne faut pas se voiler la face : c'en est bien une, d'œuvre, croyez-moi ! Please Forgive My Heart enfonce le clou après la claque du premier morceau éponyme. Wouh ! J'en suis encore tout retourné. Le soul-singer de soixante-huit ans en a encore gravement dans le coffre. Il envoie du lourd. La pauvre Lana Del Ray, sur Dayglo Reflection ne tient pas la comparaison un centième de seconde malgré tous ses efforts. Fidèle à son habitude, la bimbo hype en fait (beaucoup) trop mais là, elle est pratiquement ridicule (une fois de plus) face au mastodonte Bobby qui l'écrase de sa grâce, de sa classe. Allez, retourne chanter dans ta chambre, Lana ! On se demande d'ailleurs ce qu'elle fout là. Peut-être pour le nom, ou pour cibler un public d'adolescents. Produit Marketing, vous avez dit ? Peut-être. Sans doute, même. Qu'importe !

 

  Whatever Happened To The Times, morceau excellent soit dit en passant, ressemble toutefois trop à Cloud Of unknowing, présente également sur Plastic Beach pour être vraiment honnête. Elle pourrait presque en être la suite. Une belle suite toutefois. Donc, c'est vrai, les recettes sont déjà connues, ce n'est pas trop original, mais la sauce prend à merveille. Rendons donc hommage à cet artiste sur la fin et prenons ce disque pour un testament d'artiste, un dernier effort, en espérant sincèrement que Bobby Womack tienne le choc un peu plus longtemps que le regretté Gil Scott Heron (RIP).

 

  Stupid, que ce dernier introduit, et surtout If There Wasn't Something There complètent le tableau à merveille, magnifiques, et sont peut-être les deux plus beaux morceaux. Que dire de plus ? Bon, la fin est un peu moins glorieuse, surtout avec Love Is Gonna Lift You Up, complètement ratée. Les deux derniers titres, sans être foncièrement mauvais, sont largement dispensables. Dommage. Si le niveau atteint avec certaines pistes avait été maintenu tout le long du disque, sûr que la galette aurait été incontournable, qu'elle aurait été un de ces classiques instantanés bien trop rares de nos jours. Ce n'est pas tout à fait le cas même si dans l'ensemble, c'est quand même la grande classe. A la fois Soul et électro, vintage et moderne, The Bravest... est une valeur sûre. Vous pouvez foncer !

 

 

  Note : 4/5

 

 


 

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12/07/2012
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